Bonjour à tous, et bienvenue dans Rock Star on the Rocks, une série d’articles et d’interviews s’attachant à mettre en avant l’engagement d’un ou de plusieurs arbitres pour leur(s) rôle(s) ou leur implication dans la communauté. Cette semaine ainsi que la semaine prochaine, c’est Guillaume Beuzelin qui est mis en avant. L’occasion d’aborder avec lui son rôle de Coordinateur Régional, les sujets du moment et ses projets.
(Propos recueillis le 08/05/17)
Jean-François : Bonjour Guillaume, merci de bien vouloir répondre à ces questions. Il y a probablement des arbitres nouvellement certifiés ou en cours de processus qui ne te connaissent pas ou qui ont peu interagi avec toi. Peux-tu te présenter, et nous décrire en quoi consiste ton rôle de coordinateur régional ?
Guillaume : Je suis Guillaume Beuzelin. Je suis le coordinateur régional des arbitres français. Lorsqu’on dit régional, on entends à l’échelle d’un pays, ici la France et une partie de la Suisse. L’idée, c’est que je suis là pour coordonner l’arbitrage en France, c’est-à-dire aider les gens dans les boutiques à se pourvoir en arbitres, et développer la communauté arbitrale un peu partout dans le pays pour s’assurer qu’il y ait des arbitres disponibles pour le jeu organisé. La partie un peu moins sympathique du rôle, c’est de devoir parfois gérer des problèmes entre des arbitres, des organisateurs, des joueurs et si l’on a besoin d’une tierce personne, c’est moi que l’on contacte.
JF : Tu as succédé à Julien Winter et Alexis Rassel. Comment as-tu été nommé à ce rôle ? Es-tu passé par un processus particulier ? Penses-tu reconduire ta candidature pour le prochain cycle ?
G : Alexis a décidé d’arrêter d’être coordinateur régional. Il a démissionné. À l’époque, je crois que j’étais le seul qui était à la fois intéressé et qui avait le temps de s’en occuper. Je n’ai pas eu une interview aussi formelle que ce qu’il existe aujourd’hui pour les coordinateurs régionaux mais j’ai été contacté par Cristiana Dionisio qui était auparavant la responsable des coordinateurs régionaux dans le monde. À l’issue de cet échange, elle a discuté avec l’ancien Judge Manager de Wizards of the Coast et ils m’ont nommé coordinateur régional.
Je ne suis pas sûr à 100% mais je pense que non, je ne vais pas postuler à nouveau. J’ai dit dès le début que c’était bien lorsqu’il y avait une rotation chez les coordinateurs régionaux afin que les gens soient toujours motivés et que cela apporte une nouvelle vision du programme. Cela fait presque 3 ans que je suis à ce poste et je commence à avoir chez moi certains « défauts » en terme de renouveau, que j’ai constaté chez des coordinateurs qui étaient à ces postes depuis une éternité. Du coup, je pense que c’est bien de faire une rotation afin de redynamiser une région.
JF : Verrais-tu quelqu’un pour te remplacer ? Peux-tu expliciter ces « défauts » auxquels tu fais référence ?
G : Ce sera probablement un L3 français. Il y a des gens qui sont plus ou moins impliqués dans la communauté. Je pense donc qu’il y aura des postulants quoiqu’il arrive. De plus, on risque d’avoir des nouveaux L3 d’ici cette échéance. C’est un peu compliqué de dire qui postulera mais je sais qu’il y a déjà une ou deux personnes intéressées.
Le poste de coordinateur constitue du management régulier. Il faut arriver à motiver des gens qui sont souvent volontaires et ça prend beaucoup de temps, beaucoup d’énergie en plus des tournois. Et c’est facile de mettre cela au second plan, de s’occuper des tournois en premier et consacrer moins d’énergie pour la région. Je pense que ce n’est pas positif pour celle-ci. Là, j’essaie de remettre 6 mois d’énergie à fond pour être au taquet jusqu’à la fin de ce mandat puisque maintenant, il y a des mandats de 18 mois et probablement passer la main pour la suite.
JF : À ton arrivée, tu as apporté un changement important au programme avec la création du système de capitaines de région. D’où t’es venu cette idée et pourquoi ? Quelle(s) responsabilité(s) leur as-tu délégué ?
G : Comme je fais beaucoup de tournois à droite, à gauche, en Europe, notamment à l’époque, j’ai vu beaucoup de systèmes et ai échangé avec beaucoup d’arbitres. Il y avait des régions en Europe ou aux États-Unis qui avaient déjà appliqué l’idée de capitaines de région de façon différente à chaque fois. Je me suis dit que l’idée était plutôt intéressante et j’ai donc mis en place ce système. Cela permet de responsabiliser au niveau communautaire des niveaux 2 qui sont impliqués. Tout faire soi-même de façon centralisée, c’est quasiment impossible. Quand sont arrivés les PPTQ, heureusement que j’avais mis en place ce procédé puisque ma boîte mail a juste « explosé » sur les deux premières saisons. Les capitaines de région m’aident localement pour aider les organisateur de tournois à trouver leurs équipes d’arbitres puisque moi au niveau national, je n’ai pas trop d’idée qui est le L2 ou le L1 le plus proche de telle ou telle boutique en Rhônes Alpes ou près de Perpignan par exemple. Le capitaine de région local, lui oui.
En outre, pour le mentoring, je trouve que c’est plus pertinent d’avoir quelqu’un qui est à 100 km de chez soi pour mentorer, le rencontrer à l’occasion plutôt que de tout faire en ligne et de ne pas avoir de contact direct.
Chaque capitaine a développé son style différent et ces dernières années ont montré que ça fonctionnait plutôt bien. Nous sommes arrivés à redynamiser des régions qui étaient très faibles en terme d’arbitres ou à animer la communauté parisienne, qui était elle, « surchargée » d’arbitres mais pour laquelle il fallait garder une motivation. Chaque capitaine a donc pu s’adapter aux besoins de sa région et développer son style.
JF : Penses-tu que l’arbitrage en France métropolitaine se porte bien ? En terme de communauté actuelle, d’échanges, de renouvellement ? Quels en sont les enjeux et les difficultés actuelles ?
G : La région se porte plutôt bien. Elle n’a pas mal été redynamisée ces dernières années comme j’ai expliqué. Les régions sont géographiquement un peu écartées comme la Bretagne ou le Sud-Ouest (quoique ce n’est plus le cas tellement qu’il y a d’arbitres). Celles-ci ont regagné des arbitres et c’est positif. Sur internet, on voit que le volume d’échanges par rapport à il y a trois ans a quand même augmenté de manière significative de part le nombre de personnes impliquées dans les projets. Si on prend les staffs de Grands-Prix qui sont de bons indicateurs, on peut voir qu’il y a pas mal de français qui y sont assez bien positionnés, ce qui est un signe de bonne santé de notre communauté.
La fin des GP trials, et la fin de ces tournois en compétitif va être compliqué puisque ça va être une marche de moins pour passer du niveau 1 au niveau 2. Demain, cette étape va être assez compliquée à faire et il va falloir trouver des tournois pour que des L1 puissent s’entraîner suffisamment pour devenir L2. En province, lorsqu’il y a des PPTQ à 10 personnes, c’est compliqué de prendre un second arbitre. La disparition de ces trials sont donc des opportunités en moins pour les L1 et il va falloir que l’on travaille beaucoup pour palier à cela.
JF : En 2016, la Suisse Romande a intégré notre région dans le programme. Peux-tu nous expliquer le processus suivi avec le RC des pays germanophones, et la réflexion pour en arriver de cette décision ? À l’instar d’une francophonie arbitrale, voudrais-tu que d’autres territoires rejoignent la communauté, comme le Québec au Canada, le Maghreb, ou la Wallonie en Belgique où l’élément connexe serait la langue et non plus des limites géographiques ?
G : L’intégration de la Suisse a été complexe. Cela fait 3-4 ans que je l’envisageais. C’est venue d’une discussion avec Michael Wiese à l’époque. Nous étions très vite d’accord sur le fait d’intégrer la Suisse Romande mais on voulait que la communauté arbitrale de celle-ci puisse continuer à suivre l’actualité de la zone germanophone assez facilement. Pour cela, il fallait que Judge Apps s’adapte, c’est-à-dire qu’il puisse intégrer le fait de pouvoir suivre plusieurs régions. Avant, il fallait changer manuellement sa localisation. Sauf que pour revenir à celle d’origine, cela prenait plusieurs minutes voire des heures et de fait, ce n’était pas un modèle qui était viable si on voulait rattacher une partie de la Suisse à une région. J’ai mis plus d’un an et demi à obtenir cette implémentation sur Judge Apps, l’équipe de développement ayant pris du retard pour diverses raisons. Cela est devenu effectif lorsque Michael a quitté son poste de RC et que Stefan Ladstätter a pris le relais. Ce concept de multi régions permet que l’on puisse suivre plusieurs forums locaux sans avoir besoin de se déconnecter et se reconnecter. Au niveau de l’intégration, la Suisse a eu un souci avec leur plus gros magasin qui a été braqué quelques temps après et cela n’a pas aidé à dynamiser cette partie de la Suisse.
Il y avait une certaine logique à rassembler cette partie de la Suisse et la France. Maintenant, en ce qui concerne les autres régions, pas forcément. Comme tout le monde a accès aux doubles régions en lecture, il n’a pas forcément besoin que le Québec soit rattaché à la France. Cela ne m’apparaît pas comme très cohérent puisque le rôle de RC est notamment un rôle administratif donc il est plus logique d’être rattaché à une coordinateur régional local d’un point de vue géographique. Cependant, avec Sophie Pagès, nous avons indiqué au RC canadien d’encourager les arbitres québécois à venir sur les forums français et à participer. On a également pas mal d’arbitres belges qui participent sur les forums français.
Quant au Maghreb, le Maroc est actuellement rattaché à la France pour la seule raison qu’il y a un arbitre français là-bas. Mais le jour où il y aura une vraie communauté qui s’y développe, je pense que ce sera bien qu’il y ait un RC spécifique pour administrer cette région.
C’est tout pour aujourd’hui. Pour lire la suite de cette interview, rendez-vous ici !
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