Bonjour, mon nom est Federico Verdini, et je suis arbitre niveau 2 en Argentine. Aujourd’hui, j’aimerai vous parler de certains procédés et des “meilleures pratiques” pour une équipe Deck Checks dont, même si elles sont [o]fficielles, beaucoup d’entre vous n’ont jamais entendu parler. Ceci est principalement dû au fait qu’elles ont été expliquées et développées dans les forums JudgeApps. L’idée est donc de faire une analyse rapide de ces procédés, leurs avantages et les meilleures façons de les appliquer.
Je pense qu’il est important de souligner que ces techniques peuvent être utilisées dans des tournois de n’importe quelle taille, d’un petit PPTQ au plus grand GP. Peu importe si vous avez une équipe Deck Checks ou si vous n’êtes qu’un ou deux à arbitrer l’événement. Je peux témoigner qu’il y a des personnes qui les utilisent dans de nombreuses situations, je vous invite donc à essayer de les appliquer à votre prochain événement.
1. Vérifier les listes de deck durant la première ronde :
Je pense que c’est un des changements les plus ancien et les plus connus. Contrairement à ce que l’on faisait il y a quelques années, il est aujourd’hui recommandé de ne pas vérifier la légalité des listes durant la première ronde. Nous parlons ici de la vérification “60/15”, appelée ainsi car nous vérifions auparavant qu’il n’y avait pas de liste avec un nombre illégal de cartes.
Cette méthode avait l’avantage d’être plutôt rapide, de détecter des erreurs de liste de deck, et donnait des cibles pour un futur deck check complet. Au cours du temps, cette méthode a été abandonnée car nous utilisions des ressources pour trouver des erreurs triviales qui étaient (presque) toujours le résultat d’étourderies. Ne pas faire ceci permet d’avoir une forte présence dès la première ronde, tant sur le floor que pour faire de vrais deck checks.
2. La fin des “deck checks de courtoisie” :
J’ai appris l’arbitrage au temps où le “deck check de courtoisie” était une règle inévitable. Je parle bien sûr de la vérification que nous faisions juste avant le top 8, en demandant les decks des joueurs qualifiés. Les joueurs soumettaient leurs decks, parfois mêmes classés, et l’équipe Deck Checks vérifiait qu’il n’y avait pas de différence entre le deck et la liste.
Cette méthode a quelques limites. Premièrement, les joueurs présentent leurs decks à l’arbitre, jamais à un adversaire. Ceci signifie qu’avoir oublié de dé-sider n’entraîne aucune pénalité, même si le joueur “avoue” avoir utilisé cette configuration tout au long du tournoi. L’arbitre ne fait que réparer cette erreur pour que le deck soit conforme à la liste et demander au joueur de l’utiliser comme cela durant le top 8. Ne pas pouvoir pénaliser ce genre d’erreur en la trouvant en-dehors d’une partie rend impossible à identifier si le joueur essaye de pré-sider en utilisant les connaissances sur son futur adversaire.
Deuxièmement, puisque c’est le joueur lui-même qui soumet le deck, nous lui donnons l’opportunité de corriger d’éventuelles modifications qu’il a effectuées durant le tournoi (“alors comme ça tout le monde a décidé de jouer combo aujourd’hui…”) et de revenir à la composition originelle de son deck.
Prendre conscience de ces problèmes a fait que le programme d’arbitrage s’est éloigné de cette procédure, en faveur de celles que nous allons voir tout de suite.
3. Cibler les deck checks sur les premières tables :
Il est toujours important de maintenir l’intégrité du tournoi en vérifiant que les joueurs qui joueront éventuellement le top 8 le feront avec un deck légal. Une alternative au “deck check de courtoisie”, qui nous permet d’arriver au top 8 avec tous les decks déjà vérifiés, est de cibler les deck checks sur les premières tables au lieu de choisir une table au hasard. L’idée est de cibler les joueurs qui ont le plus de chances de jouer le top 8. Au début de chaque ronde, nous devons savoir qui joue sur les premières tables (il est généralement plus rapide de regarder les pairings par table plutôt que de déranger le scorekeeper), et avec notre liste maîtresse (sur laquelle nous avons tous les joueurs et sur laquelle nous notons les joueurs qui ont déjà été vérifiés) en main, nous choisissons une table à vérifier. L’idéal est de choisir une table sur laquelle aucun des joueurs n’a été vérifié, ce qui rend notre travail plus efficace, mais nous ne devrions pas rechigner à vérifier un joueur plusieurs fois si nécessaire, surtout dans les dernières rondes.
Ceci ne veut pas dire que nous devons cibler CHAQUE deck check sur les premières tables. L’intégrité du tournoi est également importante à la table 25 ou 210, dans un match qui n’a apparemment pas grande importance. Il est important de garder les deck checks aléatoires, sinon nous risquons de donner aux joueurs l’impression que nous ne nous intéressons à la légalité du deck que tant qu’ils sont en haut du classement, ce qui incite à la triche sur les dernières tables.
Une chose que je fais généralement sur les tournois à taille moyenne (+- 40 joueurs) est de faire un deck check en début de ronde ciblé et un deck check en milieu de ronde aléatoire, mais ce n’est qu’une façon de faire parmi d’autres.
La situation idéale est d’arriver au top 8 en ayant déjà vérifié au cours des rondes suisses les decks de ces finalistes.
4. Vérifier les listes dans les dernières rondes :
Hé bien, il y a un problème. Je serai honnête, il y aura plein de moments, en particulier au cours de petits tournois sans équipe Deck Checks, où vous ne pourrez pas avoir vérifié tous les decks du futur top 8. Parfois c’est tout simplement matériellement ou logistiquement impossible, peut-être à cause d’un personnel réduit, peut-être à cause d’un grand nombre de joueurs faisant une égalité intentionnelle lors de la dernière ronde. Ce que nous pouvons faire pour minimiser ceci est de faire une vérification des listes de tous les joueurs qui, au cours des deux dernières rondes, ont une chance de faire top 8.
Oui, c’est le même type de vérification que celui dont nous parlions dans le 1., et déconseillé, mais nous pouvons le faire plus rapidement. Nous ne vérifierons pas tous les joueurs, mais par exemple tous les joueurs du top 16 qui n’ont pas encore eu leur deck vérifié.
Ceci garantit au moins que chaque joueur du top 8 aura une liste légale. Si nous détectons un problème à ce moment-là, nous pouvons toujours faire un deck check ciblé lors de la dernière ronde. Cette procédure devient beaucoup plus importante si l’événement a une couverture médiatique (streaming, postage des listes en ligne…). Il est préférable d’éviter qu’un joueur fasse top 8 avec 6 copies du Dieu-Scarabée et que ceux qui le découvrent soient les spectateurs ou ceux qui lisent les listes après la finale.
5. Vérification de la réserve au cours du top 8 :
Enfin et surtout, il y a une procédure simple qui peut nous aider avec un des problèmes dont nous parlions en analysant le “deck check de courtoisie” : étant donné que le joueur ne présente pas son deck à un adversaire, nous ne pouvons pas détecter ou pénaliser un joueur qui pré-side. Si nous appliquons ce dont nous parlions jusque-là, nous arrivons à un stade du tournoi avec un deck que nous avons probablement déjà vérifié, et dans le pire des cas nous savons au moins qu’une liste légale a été soumise.
Ce que nous pouvons alors faire est, pendant que les joueurs jouent leur première partie du match, sans l’interrompre, de leur demander leur réserve, et faire une vérification rapide pour être sûr qu’il n’y a pas eu de modification, de carte manquante, de carte marquée, ou autre problème. Pour rappel, étant donné que nous vérifions ici la légalité de la réserve, nous ne pouvons le faire que durant la première partie.
Et c’est tout, les amis ! J’espère avoir été suffisamment clair, que vous avez eu l’occasion d’apprendre quelque chose et que cet article vous motive à commencer à appliquer ces procédures à vos tournois. Je pense réellement qu’il y a une évolution claire entre les anciennes façons de faire (1. et 2.) et les actuelles (3., 4. et 5.), et que nous nous sommes clairement améliorés. Comme je l’ai dit au début, nous pouvons appliquer ces techniques dans des tournois de n’importe quelle taille (croyez-moi, je l’ai fait !). J’espère lire toutes vos incertitudes ou tout commentaire que vous pourriez avoir. À plus !
Article de Federico Verdini, traduit par Tomas Ornowski, et relu par Jérémy Ganivet.